jeudi, novembre 10, 2005

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Coups bas à Mitry-Mory

Avocat : Alex Ursulet

Même dans les dossiers les plus délicats pour elle, où la culpabilité de l’un des siens semble pour le moins engagée, la police réussit trop souvent à se défausser de toute responsabilté. Ce tour de passe-passe on le voit à l’œuvre de manière exemplaire dans les événements tragiques survenus au jeune Abdelkader Ghedir.

D’abord, les faits - du moins, dans leurs grandes lignes. Le 30 novembre 2004, vers 20 heures Abdelkader Ghedir est interpellé par les agents de la SUGE (Surveillance générale du réseau ferroviaire : la milice de la SNCF, aussi appelée “la ferroviaire ”) en gare de Mitry-Villeparisis, et en présence des policiers de Mitry-Mory. Suite à cette intepellation, M. Ghedir est pris en charge par les agents, qui le conduisent au commissariat. Peu de temps aprés il tombe dans un coma profond. Il est admis à 1h30 en service de réanimation de l’hopital le plus proche, où il a été amené par le samu.

Abdelkader ne sortira du coma que le 8 février, mais c’est pour entrer dans un post-coma végétatif de longue durée. À ce jour, il n’a toujours pas recouvré le plein usage de la parole. Sa famille, partie civile, m’a confié sa défense. Dés le 3 décembre, trois hommes sont mis en examen, dont l’un est immédiatement écroué, car soupçonné d’avoir porté les coups qui ont plongé Abdelkader dans le coma. Signe particulier : ces trois hommes appartiennent ...à la SUGE. Les policiers de Mitry-Mory, eux ne sont même pas inquiétés. Étonnant n’est-ce pas ? Et c’est encore plus étonnat quand on procède à un examen plus détaillé de ce qui s’est passé. Ce mardi 30 novembre, donc, une patrouille de police du commissariat de Mitry-Mory se rend en gare de Mitry-Villeparisis : on lui a signalé qu’un individu excité jette des pierres sur les trains. Quand ils arrivent sur place, les hommes de la SUGE sont déja là. Ils viennent d’interpeller un jeune homme : Abdelkader Ghedir. Désœuvré ce jour-là, Abdelkader a passé une bonne partie de son après midi à traîner du côté de la gare avec un ami. À 16h45 (horaire enregistré par les caméras de sureillance de la gare), les deux hommes ont fait l’objet d’une première interpellation de la SUGE, parce qu’il fumait dans l’enceinte de la gare. Ils ont éteint leur cigarette à la demande des agents et, d’après le récit de l’ami, seul témoin en état de parler après l’agression d’Abdelkader, ce contrôle “s’était bien passé”. En fin d’après-midi, des troubles éclatent dans la gare. Un jeune homme, en grand désarroi, crie que sa mère est morte. Et il lance des pierres sur les trains. Ce jeune homme, ce n’est pas Abdelkader, mais Abdelkader le connaît. Il traverse les voies pour tenter de le calmer (et je précise que ce point, important, corroboré par TOUS les témoins).

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Entre-temps, la SUGE et la police ont été appelées par le personnel de la gare. La SUGE arrive la première sur les lieux. Le “désespéré”, alors a disparu et les hommes de la SUGE ne trouvent qu’Abdelkader sur les voies. Ils le prennent en chasse et l’interpellent de façon musclée. Abdelkader, qui ne comprend pas, et avec raison, ce qu’on lui veut, cherche à se débattre. La police arrive sur ces entrefaites. Les témoins, ensuite-notamment les clients et les employés d’une croissanterie ouverte dans la gare-rapportent tous la même version des faits : ils voient les hommes de la SUGE, entourés par les policiers, utiliser une technique de combat pour coucher Abdelkader par terre. Mais, à aucun moment, les témoins ne relèvent de coups violents. Après quoi, Abdelkader, parfaitement conscient et vitupérent,est remis aux policiers, qui le menottent et le montent dans leur véhicule. Puis c’est le départ pour le commissariat. Et un peu plus tard, l’appel au samu. Entre les deux, que s’est-il passé ? Mystère. Mais dès qu’il s’avère qu’Abdelkader a sombré dans un coma profond, les policiers dénoncent un coup de genou porté au côté de la tête par l’un des hommes de la SUGE. C’est ce coup, qui aurait entraîné le traumatisme crânien responsable du coma profond dans lequel est tombé la victime. D’ailleurs disent-ils tous en chœur, “lorsque M. Ghedir est arrivé au commissariat il était plus ou moin dans le gaz”. Fort bien, mais si c’est la vérité et si Abdelkader était déjà comateux à ce moment-là, ce n’était pas au commissariat, qu’il fallait le conduire, mais directement à l’hopital ! Les agents de la SUGE, pour leur part, nient toute responsabilité : d’après eux l’état de la victime ne peut résulter que d’éléments postérieurs à sa remise aux policiers. Ils en veulent pour preuve une blessure importante au manton, relevée sur Abdelkader, et dont ils jurent qu’elle n’existait pas au moment de sa prise en charge par la police. Des éléments troublants viennent corroborer la version de la SUGE : aucune trace de sang n’a par exemple été constatée dans le car de police qui a conduit Abdelkader au commissariat. de 15cm,maladroitement essuyée. Autre détail embêtant pour la police : cet aveu naïf lâché une policière à un gars de la ferroviaire : “Le typevoulait pas descendre du car. On l’a un peu aidé...” Aidé jusqu’à quel point ? j’ajoute un point important : l’interpellation d’Abdelekader s’est déroulée en trois temps.1) Intervention de la SUGE. 2) Immobilisation d’Abdelkader, couché au sol, en présence des policiers, arrivés entre temps. 3) Abdelkader est emmené par les policiers. La police était donc présente dans deux de ces trois moments. Dés lors, c’est elle qui avait l’entière responsabilité de ce qui se passait.

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Si, réellement, un coup violent avait été porté par un des hommes de la SUGE, lors de l’immobilisation, elle aurait dû s’y opposer immediatement à moins de risquer d’être accusée de non-assistance à personne en danger. Si elle ne l’a pas fait, j’en déduis, ainsi que le rapportent tous les témoins, qu’il n’y a pas eu de coups violents portés en gare de Mitry-Mory. Du reste, ceux-ci, s’ils avaient existés n’auraient sans doute pas manqué d’être remarqués : Abdelkader n’est pas vraiment une mauviette. C’est un garçon d’1 mètre 95, trés costaud, Je doute qu’une simple pichenette aurait suffit à le plonger dans le coma...

Pourtant, malgré toute les incohérences du dossier, entre la porole de la police et la parole de la SUGE, celle de le SUGE n’a pas pesé bien lourd. Il faut dire que les dépositions des hommes de la ferroviaire font pâle figure, face aux description détaillées concordantes, univoques des policiers.

Est-ce à dire, comme le prétendent les hommes de la SUGE, que les policiers de Mitry-Mory “cherche à cacher la vérité sur leurs exactions” ? Et si tel est bien le cas, on aurait alors la démonstration que de telles manœuvres n’obéissent pas à des mécanismes improvisés, mais relèvent au contraire d’une machinerie (je n’ose aller jusquau terme de “machination”) sophistiquée : ce serait toute une puissance administrative qui se mettrait au service de ce qu’il faudrait bien appeler une mauvaise cause. Saura-t-on jamais la vérité sur l’affaire Abdelkader ? Le seul qui pourrait vraiment nous dire, dans le détail, ce qui s’est passé, c’est Abdelkader en personne. Pour l’instant, il n’en a pas la capacité. Cependant, même si, d’après les médecins, il restera probablement handicapé à vie, son état s’améliore lentement.

La 4 juillet 2005 le juge d’instruction chargé de l’affaire organisait d’ailleurs la première audition avec lui, au centre de neurologie où il est toujours hospitalisé. L’atmosphère était lourde. Sur la table de nuit, à côté du lit une photo d’Abdelkader avant le drame le montrait, beau gosse, dans l’éclat de sa jeunesse. Et, à quelques centimètre, sous les draps, gisait ce qu’il était devenu : une grande carcasse inerte, qui a besoin de l’aide d’un infirmier pour tout acte de la vie-boire, manger, se laver...-, le visage défiguré par un hématome monstrueux, à la tempe, qui n’a toujours pas désenflé. Sa vue saisit d’effroi en même temps quelle impose le respect et impressionne tous ceux qui le regardent, même le juge d’instruction.

- "Vous souvenez-vous dans quelles circonstances vous avez reçu des coups ?" lui a demandé ce dernier.

Abdelkader a bredouillé quelques syllabes qui prouvaient passer pour un assentiment.

- "Avez-vous reçu des coups à la gare ?"

Cette fois la réponse fut plus claire :
- "Oui"

- "Avez-vous reçu des coups ailleurs ?" Un silence, puis, d’une voix déformée par la souffrance, Abdelkader a murmuré... il fallait être tout près de lui pour l’entendre :
- "Dans la voiture de police..."

Il n’a pas pu en dire plus. Mais c’était déja largement suffisant. Le juge et le greffier ont échangé un regard qui en disait long.

Il est évident que, dans l’état où il se trouve, Abdelkader est bien incapable d’inventer quoi que ce soit. Sa réponse surgissait donc du fond de sa mémoire
- et c’étaient ses derniers souvenirs de “vivant”.

Je suis ressorti de la chambre d’hôpital soulagé. Il était clair, désormais, que l’enquête serait relancée. dés la rentrée, je compte faire demander la saisine de la Commisssion nationale de la déontologie de la sécurité.

Avocat : Alex Ursulet
video:http://www.mbigou.com/videos/ABDELKADER.wmv
http://www.mbigou.com/videos/ABDELKADER.rm
site officiel
:http://www.labanlieuesexprime.org/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut paz,

Que des faits comme celui-ci soient protégés au plus haut niveau ne démontrent pas une machination, mais un plan d'action réel. S'il y a bavure on la condamne, si on la couvre on l'encourage.

Mitiés, Le Troll